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 [RP] Tout les matins du monde ...

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Aliénor
Admin
Aliénor


Messages : 2194
Date d'inscription : 02/03/2011

[RP] Tout les matins du monde ... Empty
MessageSujet: [RP] Tout les matins du monde ...   [RP] Tout les matins du monde ... Icon_minitimeLun 2 Déc - 19:40

Shandra a écrit:
[hrp]A ceux désireux de participer, vous serez aimables de bien vouloir demander l'autorisation à l'auteur, euh ...à moi donc par MP Smile [/hrp]

[rp][Sainte-Ménéhould, fin de matinée, J-2 Bataille de Reims]

« L'homme de bien situe la justice au-dessus de tout.
Un homme de bien qui a la bravoure mais qui ignore la justice sera un rebelle.
L'homme médiocre qui a la bravoure mais qui ignore la justice sera un brigand. »

de Confucius

La journée avait commencé tranquillement, l'automne s'installait doucement, la nature se paraît de mille et une couleurs qui allaient du vert le plus tendre au doré, en passant par une magnifique palette d'ocres et autres teintes marrons. Depuis son champs, elle aperçut un cavalier qui, semblait-il, portait les couleurs du duché. Il cherchait visiblement quelque chose ou quelqu'un.

Il s'approcha du champs, la hélant :
Bonjour paysanne, saurais-tu m'dire où que j'peux trouver Dame Shandra, la conseillère ducale ? On m'a dit que j'la trouv'rai par ici, j'ai un pli urgent pour elle du duché, mais … j'ai beau tourner dans l'coin, c'est que j'la trouve point.

Shan sourit amusée puis laissant là son outil, sortit du champ pour s'approcher du cavalier, se frottant le front avec son tablier pour en ôter la sueur du labeur.
Hé bien je crois que vous l'avez en face de vous mon brave, même si ma tenue est trompeuse.

Puis elle reprit son sérieux et tendit la main vers l'homme attendant qu'il lui remette le pli.
Et donc ... ce pli urgent que vous devez me remettre ?

L'homme était surprit de voir la conseillère aussi ... paysanne. Il hésita un instant avant de finalement lui tendre le message.
Pardonnez-moi dame, j'savais point qu'c'était vous, j'voulais pas vous manquer d'respect …

Shan secoua la main désinvolte tout en décachetant le pli scellé.
Ya pas de mal vous z'en faites pas...

Et de lire le message. Shan se rembrunit et marmonna un juron. Elle en oublia cavalier, champs, outil et fila aussi vite que possible vers sa chaumière.
Le cavalier haussa les épaules puis s'en retourna à bride abattue par où il était venu.

Pendant ce temps, Shan courrait.
L'ordre était donné.
Rejoindre Reims la capitale, pour la défendre des armées des Fatums qui arrivaient sur elle.
Le conseil se rendait à Reims en urgence.

Elle était au conseil et y faisait ce qu'elle pouvait. Mais elle était tout autant champenoise que "conseillère". Un bien grand mot pour elle, mais elle aimait à penser qu'en y étant elle pouvait aider ses voisins, son village et pourquoi pas les villages alentours.

Tout les jours, ces dernières semaines, elle avait vu ses "collègues" conseillers courir de droite et de gauche pour arranger ci, dépanner là, aider l'un, achalander l'autre.

Et depuis ses débuts dans ce cercle qu'était le conseil, une pensée lui revenait fréquemment.
Ou plutôt comme un souvenir. D'où ? Elle ne savait plus vraiment, sa mémoire lui jouait encore des tours parfois.
Ce qu'elle se rappelait donc c'était une ruche vibrante de vie, d'énergie, d'abeilles qui volaient de-ci de-là incessamment, continuellement, butinant et travaillant au bien et à l'amélioration quotidienne de la ruche, à engranger le pollen des fleurs pour nourrir la reine et les larves dans leurs cocons protecteurs, qui deviendraient à force de soin, de belle abeilles travailleuses aussi. Tout comme cette équipe qu'elle avait rejointe et qui était une vrai ruche, humaine cette fois.

Shan secoua la tête pour sortir de ces pensées en arrivant enfin à sa chaumière. Elle vérifia que sa charrette était bien en état de voyager puis entra dans son chez elle, modeste mais fonctionnel, listant en tête ce qu'elle allait emporter.
Tout était déjà quasiment prêt, les conseillers étant seulement dans l'attente de l'ordre de départ.
Il n'y avait qu'à tout mettre sur la charrette et à filer rejoindre ses compagnons de route.
[/rp]
Shandra a écrit:
[rp][Quelques heures plus tard, devant la Sénéchaussée de Sainte Ménéhould ]

« Il existe deux sortes de combattants.
Ceux qui conçoivent des stratégies.
Et ceux qui ne sont jamais départis de la tendance enfantine à briser des objets. »
de Albert Sanchez Pinol


Shandra arrivait au point de ralliement pour le départ. Sa charrette tirée par son âne Nicodème, ployait un peu sous la réserve qu'emportait la jeune femme. Réserve de farine évidemment. En tant que meunière elle se devait de fournir de quoi faire le pain de ceux qui allaient se battre, dont elle bien sur.
Quoi qu'on en dise, elle se battrait. Elle avait un couteau bien affuté de chaque côté de sa taille, de ceux qu'elle utilisait pour tuer ses moutons, une poêle en bonne vieille fonte attaché dans son dos sous sa cape, assez solide pour vous esbaudir un gaillard, casqué ou pas, bah oui un bon coup en pleine face et le voilà qui verrait 36 chandelles ! Le temps pour Shandra ou un autre de peut être le mettre hors d'état de nuire. Tout était bon à prendre, car selon les derniers rapports, le rapport de force ne serait hélas pas à l'avantage des défenseurs champenois...

Mais qu'à cela ne tienne, elle ne serait pas la dernière à défendre sa Champagne. Poêle, bâton, épée, fronde, cailloux … tout serait bon.

Elle tapota sa hanche juste pour vérifier que sa fronde était bien là, liée à un sachet qu'elle avait rempli de petits galets choisis, qu'elle avait pris le temps d'affûter. Si petits soient-ils ils feraient mal et dérangeraient l'adversaire. Un autre sachet, plus gros mais peu pesant, pendouillait à sa hanche contenant divers petits "accessoires", que lui avaient enseigné des enfants, et qui pourraient en tant et en heure lui servir de munitions.

Elle retrouva enfin son escorte, composée notamment de son amie Aliénor, le jeune juge ainsi qu'avec, à ce que pouvait voir Shan, Messire Cedmisc, duc de Joigny lui semblait-il (sa mémoire butait constamment sur les titres de noblesse), et membre également du conseil ducal en place.
Enfin bref, l'escorte comportait par ailleurs nombre de villageois et villageoises, désireux eux aussi de défendre leur duché.

Shan eut le coeur triste de voir toutes ces figures, jeunes et moins jeunes, répondre à l'appel pour venir se battre et peut être mourir.
Alors que le Roy ne semblait pas vouloir se bouger son auguste popotin pour défendre un de ses domaines.
Alors que ses armées, qui auraient pu ne serait-ce que faire hésiter les brigands à attaquer, n'arrivaient pas.

Arriveraient-elles seulement ?

Shan regarda son âne Nicodème qui tirait sa carriole, sans autre considération que la carotte qui pendait sous son nez et le faisait avancer et songea un instant que même son âne aurait mieux su protéger ses petits que ce Roy fantoche ne protégeait son peuple. Shan secoua la tête dégoutée de ce Roy. N'importe quel animal protégeait les siens... enfin sauf cet animal là, celui qui se disait Roy. Comme quoi, même l’âne le plus buté qui soit était moins égoïste qu’un homme avec le cul posé sur un trône. [/rp]
Shandra a écrit:
[rp][Arrivée à Reims, J-1 bataille]

« La crainte est de toutes les fêtes :
Jamais un jour calme et serein
Du choc ténébreux des tempêtes
N’a garanti le lendemain. »
de J. Reboul



Le matin se levait doucement. Matin d'automne, frais et humide. Nicodème suivait bien le rythme et après les 3 carottes que lui avait concédé Shan pour le motiver, il semblait que la 4è serait toute aussi appréciée.

La troupe sortit des bois et enfin la capitale leur apparue. Avec ses remparts immenses lui semblait-il. En approchant, apparaissaient les douves devant les remparts. Elles étaient longées dune forêt de tentes, de mules et de fiers destriers, de grouillots qui s'activaient ici et là, de quelques ribaudes aussi qui taquinaient les hommes passant devant elles de commentaires que, de sa position, Shan n'entendait pas.

Bref le campement d'une armée. L'ambiance était à la fois tendue et tranquille. On savait que l'ennemi arrivait mais on profitait des derniers moments de calme avant la tempête pour se préparer.
Qui pour affûter ses armes, qui pour polir son bouclier …

On voyait les cambuses fumer du brouet que préparaient les cuistots pour nourrir la soldatesque. Shan nota leur emplacement pour y revenir plus tard poser sa farine. Pour l'heure on entrait dans la ville et la jeune femme, restait impressionnée, comme chaque fois, de voir cette ville, avec ses maisons à étages et balcons même parfois.

Les rues larges et relativement propres grouillaient de monde, mais d'une agitation … nerveuse. Oui nerveuse. On sentait les habitants qui faisaient provision, rangeaient tout et rien à l'abri, fermaient volets et abris, les puits étaient très entourés, l'eau étant précieuse en cas de siège ou de feu bien sur.
Bref tout le monde se préparait et n'eusse été pour une bataille, on aurait pu croire qu'une fête se préparait avec les cris des uns aux autres.

La journée passa, les villageois autant que les soldats, se préparaient à l’assaut des armées ennemies qui se profilaient à l’horizon.
La bataille approchait. A grands pas.

Dans quelques heures à peine …[/rp]
Shandra a écrit:
[rp][Reims sur le champs de bataille ou l’armée des morts (vivants ? )]

« On ne peut déserter le champ de bataille à l'heure du combat décisif. »
de Yu Dafu


L’assaut avait eu lieu.
Pour preuve, le champs de bataille, bel et bien là, recouvert de corps inanimés, morts pour la plupart.
La nuit les couvrait de son manteau froid comme un dernier linceul à ces combattants.
Hommes, femmes, on ne dira peut être pas enfants, mais certains étaient peine sortis des jupes de leur mère.
Jeunes et vieux sans distinctions donc, corps entremêlés dans leur dernier acte pour sauver leur duché, leur famille, leur maison, leur récolte…

Les nuages cachaient une lune que l’on aurait pu voir pleurer d’avoir vu le sang couler.
Le sang d’innocents ? Peut être, peut être pas. Sait-on jamais vraiment qui l’on a frappé quand seuls des feux guerriers enflamment la nuit ? Des ennemis certes. Mais les ennemis de qui se demande t’on avant de rendre le dernier soupir. Pourquoi nous entretuer ?

Pour un roy qui n’est même pas là ?
Pour un Duché abandonné par son souverain ?
Que n’est il là pour voir ses habitants, son peuple, ses sujets, ses enfants mourir pour lui !

Voilà ce que furent les dernières pensées de Shandra, avant que ses yeux ne se ferment après un dernier coup reçu derrière le crâne, la laissant plus morte que vive, ensanglantée de toutes parts. A la voir, on aurait pu la croire déjà morte.

Le sang suintait d’une plaie à l’épaule droite d’où sortait une flèche traversante, coulait d’une jambe après un coup d’estoc. Et enfin la plaie à la tête, celle qui lui a fait perdre connaissance.

Ses cheveux blonds défaits étaient salis par la poussière, trempés par la sueur de la peur et de l’énergie du désespoir. Et par le sang à présent.
Ils glissaient sur son visage où les traces de larmes se perdaient, comme gravés sur ses traits.

Elle avait pourtant commencé le combat de loin, avec son lance-pierre et ses munitions. Tout d'abord les galets petits mais tranchants à souhaits, suivis de … bogues de châtaignes. Eh oui, un excellent moyen de désarçonner les cavaliers, les chevaux n'appréciant guère cet élément plein de piquant...merci les gamins !

Puis voyant qu'Aliénor se rapprochait des combattants, elle l'avait rejointe. Un de ces longs couteaux à mouton dans une main et sa poêle en fonte dans l'autre. Les coups de poêle étaient efficaces mines de rien.
Le couteau moins,trop court en fait, mais quand un cavalier ennemi passait près d'elle, même si elle s'y serait répugnée en temps normal, là, dans cette nuit infernale, elle n'avait aucune hésitation à blesser l'animal quand sa main manquait la jambe ou le bras du cavalier.

Bref, elle s'était défendue comme elle le pouvait, essayant de ne pas succomber trop vite mais le nombre d'ennemis était incroyable, un tombait que 3 revenaient à l'assaut.

Mais elle était tombée, finalement, sous les coups d'un homme, caparaçonné comme un démon.

Et sur ce champs de bataille, à présent abandonné par les vainqueurs qui s’étaient concentrés sur la ville, les plus faibles, enfants, vieillards et autres champenois restés à l’abri, à l'écart de la ville, venaient voir ce qui pouvait être sauvé. Vies ou armes, peut être quelque écus sur le corps d’un ennemi …

Et Shandra fut ainsi ramenée dans les bois alentours, ainsi que quelques autres corps, vivants peut être, peut être pas. Dans la peur, dans la nuit, les pauvres champenois restants tentaient de ramener à l’abri un qui semblait encore respirer, ou un qui lui avait fait pitié.
Comme cette jeune femme, au corps recouvert d'une simple cote de mailles puisqu'enceinte jusqu’aux yeux elle ne pouvait se protéger mieux et dont les cheveux blonds détachés pendant la bataille, faisaient comme une couronne d’or sanglant à son visage blafard…
La pitié les prit donc au coeur d'au moins essayer de la sauver ou au pire de la ramener à sa famille, pour que l'enfant et la mère reposent auprès des leurs si cela devait ainsi s'achever. Après tout c’était pour eux que son sang avait imprégné la terre au pied des murs de Reims. En vain certes, mais pour eux …

Ces fossoyeurs d’une nuit déposèrent, dans une vieille charrette à bras, le corps de la femme enceinte, doucement, à côté de celui de Shandra qu’une vieille femme essayait de soigner à coup de plantes et racines en guise d’emplâtre et morceaux de robe en guise de bandage sur les plaies sanglantes.


Citation :
[hrp]Posté à la demande de la joueuse d'Aliénor[/hrp]


[RP] Tout les matins du monde ... Avatar21

[Chronique d'une mort annoncée]

Mais elle était du monde où les plus belles choses
Ont le pire destin,
Et rose elle a vécu ce que vivent les roses,
L'espace d'un matin.
de Malherbe


Agenouillée sur un prie-Dieu, les traits masqués par le rideau de cheveux blonds qui tombaient autour de son visage, la jeune fille priait. Elle priait avec ferveur, pour que la rage qu'elle ressentait lui donne la force de survivre au combat qui n'allait pas manquer de se produire, les éclaireurs ayant annoncé l'arrivée des deux armées ennemies pour dans quelques heures à peine.

Cette rage, elle l'avait au fond du coeur depuis qu'elle avait reçu la missive lui intimant d'aller rallier l'armée. Une missive impersonnelle, et qui n'émanait même pas du Capitaine Royal. Non, celui-ci n'avait pas daigné s'adresser directement à elle, préférant se cacher derrière des intermédiaires pour ne surtout pas avoir sur la conscience la mort probable d'une femme grosse à quelques jours de la délivrance.

Mais qu'attendre de toute façon, quand sur l'échiquier de la Couronne, une vie a si peu de valeur aux yeux de ceux, insultants, même menaçants à l'égard de ceux qui ne vont pas dans leur sens, ne leur disent pas béatement amen.
Qu'attendre quand un Roy orchestre le pillage des caisses artésiennes et lance des armées à l'assaut d'Arras, n'ignorant pas que cela ne pourra qu'attiser la colère et le ressentiment des artésiens envers une Champagne déjà exsangue et affaiblie par des semaines de lutte contre les pilleurs de mairies ; quand la Connétablie envoie des conseillers se faire massacrer devant les murs d’Arras, ne fait pas entrer une armée à l'abri des murailles de Reims, alors que cette même manœuvre avait été testée et couronnée de succès en les mêmes lieux quelques mois auparavant, préfère diviser les défenses hors et en la ville, refusant la proposition qui a été faite de toutes les regrouper derrière les murs de Reims.
L'on aurait pu croire que ceux qui se veulent stratèges auraient appris des erreurs de leurs prédécesseurs, même pas.

Quand enfin, sont envoyés des hommes seulement armés de leurs poings, des femmes, des enfants même, vers une mort collective et vaine surtout. Car il ne faut pas être grand tacticien pour deviner qu'avec les forces en présence, à un défenseur contre deux voire trois assaillants, c'est un massacre au bénéfice de l'attaquant qui attend les pions sacrifiés sur l'autel de la connerie humaine.

Et le massacre avait eu lieu, les prières d'Aliénor n'avaient pas été exaucées. Elle aurait pu refuser de combattre, bien sûr, tenter de sauver sa vie et celle de l'enfant à naître. Mais face à ceux qui ne manqueraient pas de dire, après coup, que les conseillers avaient fui Reims, qu'ils se terraient à l'abri avec les caisses du Duché, au moins sa présence, tout comme celle des autres conseillers dans les rangs d'Hypérion, montrerait-elle le contraire.

En cette nuit sanglante, des civils étaient tombés, inutilement qui plus est, puisque cette tuerie n'avait pu empêcher les armées brigandes d'avancer jusqu'aux portes de la capitale. Un vrai gâchis.
Des hommes, des femmes, des enfants avaient été tués. Et un autre ne verrait sans doute jamais le jour, blotti au cœur d'un corps meurtri dont l'esprit avait déjà pris le chemin des limbes.

Game over.


[RP] Tout les matins du monde ... Ban_de10
Shandra a écrit:
[rp][Deux jours après la bataille, quelque part non loin de Reims]

« Au début, on croit mourir à chaque blessure.
On met un point d'honneur à souffrir tout son soûl.
Et puis on s'habitue à endurer n'importe quoi et à survivre à tout prix. »
de Virginie Despentes


Les limbes étaient si douces, si tranquilles, si calme.
Le bruit des fers s’entrechoquant avait disparu, de même que les râles des blessés et des mourants.
Et voilà que la conscience lui revenait.
La conscience et la douleur.
Aiguë.

Ses premiers mots à son éveil ne furent qu’un râle douloureux, sortant de sa gorge sèche. Elle essaya d’ouvrir les yeux mais n’y parvenait pas. Faisait-il nuit encore ? Se croyant alors encore sur le champs de bataille, elle tenta de se relever, de se redresser malgré la douleur. Un souvenir lui revenait, la hantant. Aliénor … son dernier souvenir de la bataille, avant de s’écrouler elle-même.
Aliénor qui tombait.

Elle avait voulu courir vers elle, l’aider, ou que sais je encore, l’emmener loin de là peut être, elle et son enfant à naître, cette vie innocente qui devait bientôt voir le jour, qui devait rire, chanter, courir …
Mais elle avait alors reçu le dernier coup, celui qui avait achevé sa nuit dans cet enfer.

A présent, une main fraîche posée sur son front la retenait de se relever et une voix éraillée mais douce lui chuchotait :
Chuuut … vous êtes en sécurité, ne bougez pas où vous allez vous blesser davantage …

Une voix de vieille femme, tremblante, qui continua à lui parler doucement tout en lu ifaisant boire un peu d'eau.
On t'a trouvée presque morte ma fille, c'pas été simple de t'ramener 'vec nous, mais l'bon Aristote il a décidé de t'laisser encore un peu 'vec nous.

Sa voix baissa d'un ton quand elle rajouta:
Pas comme d'aut'es hélas, qu'y z'auront p'tet moins d'chance.

Shandra, respirant doucement pour essayer de passer outre la douleur, la regarda un instant puis suivit le regard de la femme qui se tournait vers un coin de la pièce dont les sols étaient recouverts de paille par endroits avec pour tout éclairage, une torche et une cheminée qui flambait et répandait sa chaleur bienfaisante.

Au fond de la pièce, une couverture recouvrait quelqu'un que l'on distinguait mal.
Shandra sentit son coeur s'arrêter de battre l'espace d'un battement en voyant une bosse proéminente, là où on devinait le ventre. Et ces mèches blondes qui glissaient sur un mince oreiller fait de paille liée.
Elle secoua la tête oubliant ses blessures, refusant d'accepter ce que cela signifiait peut être.
Oubliant sa douleur, elle repoussa la vieille femme qui essayait de ses maigres forces de la retenir allongée, mais qui, voyant l'obstination de la blessée, préféra l'aider à se lever et se rendre près du corps étendu.

Shandra, les jambes flageolantes, s’accrochait d'une main à la vieille femme, l'autre s'approchant hésitante du draps, un simple draps pas vraiment blanc, pas vraiment luxueux non plus, mais c'était déjà tellement dans cette chaumière visiblement pauvre.

Après une grande inspiration et une prière pour que ce ne fut pas ce qu'elle pensait, elle leva les yeux sur le visage et en découvrit un blafard, exsangue… celui de son amie Aliénor.

Elle avait été lavée de la poussière, du sang et de la boue du champs de bataille. Son visage si pâle semblait apaisé malgré les bandages qui entouraient le crâne. Shandra se laissa tomber à genoux devant le corps allongé, sa main tremblante caressant très doucement la chevelure blonde, pleurant et marmonnant comme une litanie :
Pardon Alie, oh pardon, pardon, pardon, j'ai pas su, j'aurai du … ! Pardon Aimelin, j'ai pas su les protéger …
Mais je ne vous quitte plus, je suis là Alie, ne nous laisse pas, pense à ton enfant, il te faut vivre pour lui, pour toi, pour Aimelin … ne nous quitte pas …


La vieille femme après de longues minutes força Shandra à se relever puis la ramena sur la paillasse qui lui servait de lit. Elle l'aida à s'y allonger et berça la jeune femme qui pleurait encore.

Shandra se calma après un long moment puis regardant la vieille femme, lui demanda d'une voix rauque :
Pouvez vous faire passer un message ? A des amis ? Cette jeune femme, c’est mon amie, elle a besoin de soins, elle ne peut pas rester ici, avec son enfant à venir et ses blessures … il faut qu’elle vive, vous comprenez il faut qu’elle vive ! Je vous en prie aidez nous … encore …

La vieille dame hocha la tête, bien consciente qu’en restant ici, les deux femmes n’auraient que peu de chance de se remettre. La pauvreté de sa condition ne permettait pas les soins nécessaires, surtout pour la future mère.
Qui sait même si plus tard on ne lui reprocherait pas sa mort … et en cela dieu seul savait si elle s’en sortirait.
Deux jours qu’elle était dans cet état là , entre vie et mort …
J’va aller chercher mon Thibert, c’mon p’tit fils, y port’ra un message si vous savez à qui l’faire passer. Y s’ra pas dit qu’la vieille Bertille aura laissé mourir une jeune dame et son p’tit loupiot.

Aussitôt dit, aussitôt fait, elle se leva et sorti de la chaumière. Shan en profita pour regarder Alie depuis sa paillasse. La couverture avait peine à bouger tant le souffle de son amie était faible.

Enfin un jeune garçon entra suivi de la vieille Bertille. Il devait avoir quoi … 10-12 ans grand maximum et se dandinait d’un pied sur l’autre, le regard animé d’une grande curiosité, regardant tour à tour sa grand mère et Shandra. La vieille femme le poussa doucement vers Shan qui lui fit signe d’approcher.
Elle était si fatiguée, elle n’aurait pas la force d’écrire quoique ce soit, alors elle allait lui donner le message oralement, espérant qu’il s’en rappelle et le donne à la bonne personne.

A Reims, cherche l’hôtel de Lesmont, demande …

Shan fouilla sa mémoire en quête du nom de la nourrice qui ne quittait jamais Alie.

Demande Ysabault, c’est ça, Ysabault. Et ramène là ici.
Mais sois prudent. Rappelle toi bien, Ysabault et uniquement Ysabault, mon garçon.
Va … tu seras remercié comme il se doit.


Et le jeune garçon, après un regard à sa grand-mère, fila dans la nuit délivrer son message.[/rp]
--Ysabault a écrit:
[rp][RP] Tout les matins du monde ... Ysabau11

[Hôtel de Lesmont - Deux jours après le massacre]
"La mort est une possibilité que chacun porte en soi a chaque instant."
de Marcel Achard

Deux jours. Deux jours que dans la bâtisse, le visage des quelques serviteurs affichait leur inquiétude du sort de la maîtresse des lieux. Deux jours que les traits tirés de la femme d'une quarantaine d'années qui les dirigeaient marquaient la fatigue mais surtout l'angoisse, la détresse, les tourments qui la tiraillaient à ne savoir ce qu'il était advenu d'Aliénor, et de ces autres que l'on disait pudiquement "portés disparus".
Pourtant, Ysabault avait parcouru elle-même les rues de Reims, franchi les portes des hospices de fortune qui avaient été installés pour soigner les blessés, scruté chaque silhouette, chaque visage, questionné tant et tant de personnes, mais rien. Si d'aucuns lui confirmaient avoir vu une femme blonde et enceinte sur le champ de bataille, nul ne savait ce qu'il était advenu d'elle ni de ses compagnons.

Lasse, épuisée, elle rédigeait une énième missive à destination du père de l'enfant pour lui faire part de l'échec de ses recherches du jour, cherchant ses mots pour ne pas l'alarmer davantage qu'il n'était nécessaire. Alors que les hordes de brigands avaient commencé à envahir les rues de la capitale, le Duc devait garder la tête froide et plus que jamais mener son conseil, du moins ceux qui avaient survécu, pour écraser cette vermine.
Des coups frappés à la porte la firent se lever brusquement en même temps qu'elle manquait de renverser l'encrier. Puis le bruit de l'huis qui s'ouvre, et une voix... jeune ? qui s'élève.


Ysabault ! On m'a dit d'mander Ysabault et rin qu'elle, j'peux rin dire d'aut' !

La femme s'approcha alors, observant un court instant le garçon qui se tenait sur le seuil de la porte. Une dizaine d'année, peut-être un peu plus, un regard vif et fier, conscient de l'importance de sa mission. Ysabault fit alors signe au valet de refermer prestement la porte après avoir fait entrer l'enfant, afin que les bruits de voix ne fassent venir les occupants de la ville. Certes, l'hôtel avait été vidé de tous ses biens précieux quelques jours auparavant, certes, il ne restait que les quelques meubles juste nécessaires, mais il était inutile d'attirer l'attention.

Je suis Ysabault, qui t'a adressé à moi ?

Le garçonnet se balançait d'un pied sur l'autre tout jouant nerveusement avec ses doigts.

J'm'appell' Thibert, c'est un' dame blonde qui m'envoie. L'a été blessée y'a deux jours, c'ma grand-mère qu'l'a recueillie et qu'l'a soignée. L'est avec un' aut' dame qu'est pas loin d'mettre bas mais qu'est sacrément plus mal en point.

Ysabault sentit d'un coup le sang refluer de son visage, et dut s'appuyer au mur pour ne pas tomber. Les yeux fermés, elle adressa une rapide prière au Très Haut, avant de les rouvrir et de questionner à nouveau le garçonnet.

Où sont-elles ?

Tout content d'avoir l'attention de la dame, l'enfant tourna sur lui-même avant de s'arrêter et tendre son bras, indiquant une direction bien au-delà des murs de la demeure.

Par là, d'l'aut' côté des remparts, à queque centaines d'toises. On a une tite chaumière, c'est là qu'elles sont, c'est là qu'j'dois vous emm'ner. Et se rengorgeant, il ajouta Y'a les méchants, y surveillent les portes de Reims, mais j'connais un' poterne par où qu'on peut passer sans s'faire voir !

Le trajet sembla à Ysabault une éternité. Le gamin était malin et débrouillard, et de tour en détours, ils réussirent à quitter la ville sans se faire voir. Elle n'aurait su dire combien de temps s'était écoulé lorsqu'enfin à l'aube, ils arrivèrent en vue d'une bâtisse des plus humbles à l'orée d'un bois. Elle laissa Thibert entrer en premier puis le suivit, balayant du regard la pièce dans laquelle ils venaient de pénétrer. Dans un des coins, la silhouette d'une vieille femme, penchée sur une paillasse, en cachait l'occupant qu'elle aidait visiblement à boire et dont on ne devinait que la chevelure blonde.
Le coeur d'Ysabault fit un bond dans sa poitrine, et elle s'avança, juste assez pour découvrir que la jeune femme n'était pas celle qu'elle cherchait. Un court instant, elle ne put empêcher la déception de se lire sur son visage, mais se reprit bien vite. Shandra était en vie, blessée comme en témoignait ses bandages, mais vivante, et c'était déjà une bonne nouvelle en soi après l'incertitude des jours précédents.
Regards croisés, pâles sourires échangés.

S'apercevant que la jeune femme fixait un point de l'autre côté de la pièce, Ysabault se retourna alors. Pour découvrir, sur une autre paillasse, une forme diaphane dont la silhouette alourdie par une grossesse des plus avancées ne laissait aucun doute quand à son identité.
Comme un somnambule, elle parcourut les quelques pas qui la séparaient d'une Aliénor inanimée, se laissant tomber agenouillée à ses côtés et prenant dans sa main, celle, glacée, de la gisante.
Elle se mit à murmurer le prénom de la jeune fille, comme une litanie, en même temps qu'elle observait les traits de celle qu'elle avait vu grandir, du nourrisson qu'alors nourrice on lui avait confié, de la fillette à l'éducation de laquelle, gouvernante elle avait veillé, de l'adolescente qu'elle avait suivi dans son exil languedocien après la mort de ses parents, jusqu'à la mère qu'elle allait devenir. Et ne serait peut-être jamais.

Son coeur se serra à cette idée, et sa main libre vint se poser sur le ventre ; à ce contact, comme s'il avait senti une chaleur qui faisait défaut, l'enfant fit un mouvement qui rassura Ysabault. Un instant seulement. L'enfant était vivant, mais qu'en serait-il si le léger souffle qui soulevait imperceptiblement la poitrine d'Aliénor venait à s'arrêter. Inconsciente comme elle l'était, elle ne pouvait ni s'alimenter ni boire, et si la fièvre venait en outre à s'en mêler, alors ce serait la fin de deux vies.

Machinalement, elle replaça une mèche qui dépassait du bandage entourant la tête de celle qu'elle considérait comme sa fille, et se redressa, tournant lentement pour faire face à trois paires d'yeux qui l'observaient.


Merci pour ce que vous avez faits pour elles Ses premiers mots s'adressaient à la bonne femme et son petit-fils puis elle se tourna vers la blessée
Shandra... vous sentez-vous suffisamment de force pour voyager ? Vous ne pouvez rester ici, Aliénor et vous avez besoin de soins qui pourront vous être prodigués à Lesmont.

Sur une réponse positive de Shandra, l'expédition fut organisée. La bourse d'écus qu'Ysabault avait tirée de la poche de sa cape fut mise à profit pour persuader un fermier voisin de se départir de deux chevaux de trait et d'une charrette qui fut chargée de paille sur laquelle les deux jeunes femmes furent déposées, emmitouflées dans de chaudes couvertures.
Une missive fut également envoyée aux proches des deux blessées, pour les rassurer autant que faire se pouvait et les informer de la décision prise. L'intendante avait beaucoup hésité, mais décidé de taire la gravité de l'état d'Aliénor à son fiancé et sa mère adoptive, ou encore celui de Shandra rattrapée par ses blessures et qu'une fièvre maligne commençait à faire délirer.
Elles avait été retrouvées, et c'était, pour l'heure, le plus important à indiquer à ceux qui s'inquiétaient d'elles, point n'était besoin de les affoler en leur signifiant que la Grande Faucheuse pouvait les emporter à tout moment. Aux yeux des autres, leur nom continuerait d'apparaître sur la liste des "portés disparus" de cette bataille ô combien inégale.

Ysabault vida le reste de la bourse dans les mains de la vieille femme, et après un au revoir et de derniers remerciements, secoua les rênes, donnant ainsi le signal du départ, direction Lesmont. Lesmont... suffisamment au sud de Reims, suffisamment éloigné de la capitale pour que les deux jeunes femmes y soient à l'abri en toute discrétion pour se remettre de leurs blessures.
Si tant est que, compte tenu de l'inconscience inquiétante d'Aliénor, de la fièvre alarmante de Shandra, celles-ci survivent déjà au voyage, tant le fil qui les retenait à la vie était ténu et pouvait se briser au moindre cahot de la carriole qui les emmenait.
[/rp]
Aimelin a écrit:
[Pendant ce temps dans un campement militaire]

Etrange réveil du passé,
Qui précède l'adieu suprême,
Evoquant pour chaque blessé
La vision de ce qu'il aime
(Eugène Manuel)



Le visage poussiéreux laissait entrevoir la fatigue des derniers jours et sembait à jamais privé de ce sourire qu'il affichait d’ordinaire, peut être bien trop souvent pour certains, mais qui laissait au fond de ses prunelles grises comme une petite étincelle qui sautillait malgré le froid, la neige et la brume comme pour accentuer cette étrange oppression qui lui nouait le ventre, avait du mal à se dissiper. Il avait essayé de convaincre, il avait laissé sa colère éclater devant un officier royal qui pouvait le balayer d’un seul geste, lui le jeune duc qui entrait dans la tourmente à peine son bureau ouvert, et il était resté la nuit durant, le regard rivé vers l’Est, là où les remparts de Reims verraient la plus terrible des batailles.
Il les avait regardé partir, sans pouvoir rien faire, avec leurs épées, leurs boucliers, leurs bâtons ou leurs pelles, courageux et fiers d’aller défendre la capitale, d’aller défendre leur Champagne.
Il avait regardé ses soldats continuer à travailler d’arrache pieds et s’était endormi sur le coin de la table qui lui servait de bureau dans sa tente. Un réveil en sursaut, comme lorsque pendant Vae ils attendaient l’assaut, sursautant au moindre bruit.


- Aimelin ils sont tombés.
Ca a été une hécatombe et de l’oriflamme si fier d’Hypérion il ne reste rien.


Le temps s’était arrêté, les mots qui continuaient à sortir de la bouche de son ami, il ne les avait plus entendu mais il n’avait pas fait comme ce matin de juillet en Béarn au castel de Pau lorsqu’il était sorti comme une furie dans la grande cour pavée pour hurler sa douleur en s'écroulant à genoux. Il n’avait pas bronché, ses yeux n’avaient pas lâché son aide de camps planté à ses côtés. La grosse main qui s’était doucement posée sur son épaule s’était voulue rassurante.

- es tu sûr de cela ?
Je ne le crois pas ils ne peuvent pas les avoir tué tous.. et … Aliénor ? et Shan, Aze, Ced, les gamins ? tous ces gens…
- ce sont des bêtes sanguinaires. Ils se sont jetés sur eux comme une meutte de chiens se dispute un os. J’ai envoyé des messagers partout et déjà des paysans et des enfants sont à la recherche de tous ceux qui ont disparu. Ils ont été courageux.
- où est elle ? où sont ils ? réponds moi
- je n’en sais rien. Je te promets que je serai à tes côtés pour écraser leurs assassins.
- elle porte notre enfant. C’est de ma faute tout ça, j’aurais dû ordonner qu’on vide cette armée plutôt que de le demander.
- tu sais bien qu'ils ne t'auraient pas écouté


Plus tard dans la journée il avait reçu missive de Ysabault, la gouvernante d’Aliénor restée à son service. Elle lui assurait qu’elle avait entrepris des recherches et se faisait aider et qu’elle l’informerait de leur avancée.
La journée du lendemain s’était étirée sans fin avec cette chape d’incertitudes qui avait dessiné sur le visage du jeune Etampes un masque que même les grivoiseries de ses soldats ne pouvaient soulever.

Il avait réussi à écrire à la gouvernante, prenant sur lui sa douleur afin de servir la Champagne que tant défendaient et qu’ils laveraient de la souillure de fatum.


Citation :
Ysabault,

Que le Très Haut me pardonne un jour d’avoir cru aux promesses.
Tout ça est de ma faute, mes soldats ont bien trop traîné pour rapporter le matériel et les hommes qui composent mon armée. J’ai perdu du temps, ce précieux temps dont nous ne disposons plus et qui me voit ici, immobile et impuissant à regarder la mort rôder sur nos campagnes.

Ne me laissez pas dans le silence même si c’est pour m’annoncer la plus terrible nouvelle que je me refuse à entendre.

Je vous promets sur ce que j’ai de plus cher que nous les vengerons et que le sang de ces maudits brigands s’incrustera dans nos terres afin qu’elles en gardent le goût pour que l’on se rappelle de ce qu’ils ont fait.

Je vais quitter Sainte sous peu afin de poursuivre ma lutte, notre lutte, contre fatum mais je sais que vos pigeons me trouveront.
Ils n’auront qu’à chercher étendard aux couleurs de la Champagne et de la couronne et ils me trouveront.

Que le Très haut vous protège.

Aimelin
Le pigeon s’était perdu au loin, et le campement s’était activé avec sans doute encore plus d’ardeur et de courage plus que jamais déterminé à lutter pour que la Champagne retrouve sa liberté.
--Ysabault a écrit:
[rp][RP] Tout les matins du monde ... Ysabau11


[Quelques jours plus tard]
"Omnia, inquit, homini, dum uiuit, speranda sunt."
"L’homme peut tout espérer, tant que la vie lui reste."
de Sénèque

Jamais Ysabault n'avait été aussi heureuse de franchir la lourde grille qui ouvrait le passage vers le Domaine de Lesmont. Jamais non plus elle n'avait été si fatiguée, épuisée même. Les années passant n'aidaient en rien, assurément, mais alors que les serviteurs se pressaient pour décharger la charrette de son précieux contenu et emmener, avec toute la délicatesse possible, les deux jeunes femmes inanimées vers les appartements qui leur avaient été préparés et où attendait le médecin prévenu de leur arrivée, la gouvernante ne réussit plus qu'à tituber jusqu'au banc de pierre qui jouxtait la porte d'entrée du bâtiment, pour s'y laisser tomber.

Elle était comme vidée de toute énergie, cette énergie qu'elle avait dépensé sans compter depuis qu'elles s'étaient éloignées de Reims. Cette énergie qui lui avait permis non sans mal, de passer outre les angoisses, la panique même, à convoyer les deux blessées. A se demander sans cesse si elle avait pris la bonne décision, de ne pas les rapatrier dans l'hôtel rémois, ne pas même les emmener à Sainte mais préférer ce voyage de plusieurs jours, avec tous les risques inconsidérés qu'il comportait.
Plusieurs jours durant lesquels elle avait été constamment sur le qui-vive, empruntant les chemins de traverse plutôt que les grandes routes de communication. Durant lesquels les haltes s'étaient multipliées, pour donner quelques soins aux jeunes femmes, ces soins de base qu'elle avait appris aux côtés de la mère d'Aliénor ; pour tenter aussi de les alimenter d'un peu de bouillon, seul aliment qu'elles pouvaient ingurgiter dans leur inconscience.

A bout de forces, Ysabault plongea dans ce qu'il lui restait de forces pour se relever et prendre le chemin de l'aile où les deux jeunes femmes avaient été installées. Après un passage auprès de Shandra, elle se posa au chevet d'Aliénor. Avant de pouvoir trouver un peu de repos, il lui fallait encore répondre à quelques missives de soutien qui avaient été adressées à la Dame de Lesmont, et surtout, surtout informer Aimelin et ne plus le laisser dans l'incertitude.


Citation :
Aimelin,

Elles sont à Lesmont. En vie et en sécurité. Sans doute estimerez-vous que c'était folie que cette décision, et vous aurez raison, mais il convenait de les éloigner. Je n'ose imaginer ce qu'il serait advenu si le jeune garçon qui m'avait été envoyé avait été arrêté par cette vile engeance brigande. Si moi même j'avais été empêchée de les rejoindre. Ou encore si notre petit équipage avait été intercepté alors que nous étions encore non loin de Reims. Identifiées, engeolées, elles auraient pu être utilisées pour faire pression sur vous, l'ami, le fiancé, ou sur la Duchesse, la suzeraine et proche. Grâces soient rendues au Très Haut, cela n'a pas été et la vermine ne saura jamais qu'elle aurait pu, avec elles, avoir le moyen de peut-être vous faire fléchir.

Je ne vous cache pas que le trajet ne fut pas de tout repos, et que leur état de santé est encore fragile. Shandra est sous le coup d'une forte fièvre, et Aliénor n'a toujours pas repris connaissance. Elles sont en de bonnes mains maintenant, et vont pouvoir recevoir les meilleurs soins. Quant à l'enfant que porte Aliénor, je ne sais si c'est un miracle ou un dessein du Très Haut, mais il a été épargné et se montre vif ; combatif même, tout comme le sont ses parents.

Prenez soin de vous, et continuez à mener le combat, pour ceux qui sont tombés et réclament vengeance, pour la Champagne. Et Aliénor pourrait parler, qu'elle vous dirait sans aucun doute d'arrêter de penser que la prise de Reims vous incombe, vous n'êtes en rien responsable de choix stratégiques désastreux sur lesquels vous n'aviez aucun pouvoir.

Je ne doute pas que vous ferez part de ces nouvelles à la Duchesse, et de mon côté je vous ferai savoir le moindre changement.

Que le Très Haut veille sur vous.

Ysabault
[/rp]
Alienor_vastel a écrit:
[Et pendant ce temps, quelque part entre deux mondes]
    "Un homme doit choisir. En cela réside sa force : le pouvoir de ses décisions."  Paulo Coelho

- Suivant ! Aliénor Vastel.
- .....

- Aliénor Vastel ?!!

Les pervenches se lèvent vers l'homme qui vient de lancer son nom, puis balayent l'endroit. C'est étrange, c'est immaculé, c'est lumineux, c'est cotonneux. Le regard revient alors sur l'homme et s'y attarde, les sourcils se froncent. Inconnu au bataillon, et pourtant, avec sa barbe blanche et son expression bienveillante, elle a l'impression de l'avoir déjà croisé.
Alors Aliénor se dirige vers lui. Ses pieds s'enfoncent dans une matière comme spongieuse et douce à la fois, sensation bizarre mais pas désagréable au demeurant.

A quelques pas de l'homme, elle s'arrête et prend la parole.


- Qu'est-ce qui s'est passé ? Je suis où ? Et qui êtes-vous ?
- Tu es morte.
- .....
Encore ?!...
Et merd*** !!!


Parce que les seuls trois mots de l'homme sont une réponse à ses questions.
Un moment de silence, essayer de remettre en place les idées qui ont plutôt tendance à vouloir s'emmêler dans son cerveau, et elle reprend


- Et... les autres ?
- L'armée a explosé. En même temps, quelle idée aussi de la laisser devant les murs, ici personne n'a pas voulu parier, c'est dire !
- Comment ça, parier ?
- A chaque combat, on parie sur l'issue finale. Ça permet en plus de prévoir si on doit se préparer à accueillir plus ou moins de monde, procédure qualité RR9002 de gestion des files d'attente.
- .....
- Et là c'était couru avant même de commencer, aucune chance, vous avez tous débarqué ici ou presque. Fait dire qu'en face ils vous ont pas loupé, ça été un vrai massacre.

* Et d'ouvrir le dossier apparu comme par miracle entre ses mains* Bien, tu es Aliénor Vastel, née le 26 octobre 1443, 18 ans donc. C'est bien ça ?
- Euh... di Favara... Aliénor Vastel di Favara, j'ai été adoptée.

*rectifie en grommelant* - Voila ce que c'est que de faire appel à des intérimaires pour mettre à jour les dossiers, c'est bâclé.
Bon... deuxième passage ici.
*relève la tête* Encore un et tu pourras prétendre à la carte de fidélité.
Enceinte, très enceinte même, mari...
*froncement de sourcils et regard sévère* pas mariée ?
- Ahem... *toussotement et mordillement de la lippe ; autant en règle générale, ça ne lui pose pas trop de problèmes, autant là, elle est quand même un peu devant le grand patron et sous son regard inquisiteur* C'est pas faute de le vouloir, hein, ça fait plus d'un an qu'on essaie ! D'ailleurs là je suis sure que ça va être repoussé encore une fois, c'est de suite moins attrayant quand la mariée est morte !

*soupir* - La bonne excuse !... On en reparlera en fonction du choix que tu vas devoir faire maintenant, parce que bon, on va pas papoter 107 ans, y'a encore du monde après toi.
Par conséquent, deux options s'offrent à toi maintenant, tu peux accepter la mort, ou décider de revenir à la vie.

- Ah oui c'est aussi simple que ça, je peux choisir ? Et si je vous dis, là, que j'aimerai bien revenir, vous allez me renvoyer sur terre ? Vraiment ?
- Evidemment ! Comme ça déjà été fait la première fois que tu es venue ici. Et comme ça se fait pour tous ceux qui le demandent.
Sache cependant que tu ne te souviendras pas de notre conversation, ta mémoire n'en gardera aucune trace.


*nouveau regard dans le dossier* Et décide-toi rapidement, la délivrance a commencé.
- Alors oui justement tiens, puisqu'on en parle. Bien sûr que je veux réssurectionner, par contre c'est possible d'attendre que l'enfant soit né ? Déjà qu'avec les blessures du combat ça va pas être la joie alors si on peut éviter en plus les douleurs de l'enfantement, toussa toussa, je suis pas contre.
- Ah, mais tout est possible. Je tiens cependant à te prévenir que c'est plus difficile à un enfant de venir au monde lorsque sa mère est inerte, et qu'il faudra donc certainement ouvrir pour le chercher.

*déglutit et grimace ; mais alors très très grosse grimace* - Humpf.....
Bon bah revoyez-moi maintenant alors, ça sera sans doute le moins pire.



Et dans une des chambres à Lesmont, alors qu'autour d'Aliénor s'affairent servantes et sage-femme, la conscience revient, et avec elle, la douleur, sourde, violente. De ces coups reçus une semaine plus tôt et de cet enfant qui demande à naître.
Mais elle est vivante.

Try again.
Aimelin a écrit:
[Troyes, réception du message d'Ysabault]

"Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front"
(Les châtiments - V. Hugo)



Les parchemins se succédaient et s'entassaient sur le bureau de fortune. De bonnes nouvelles parfois lui annonçant que des blessures se refermaient et que ceux les ayant subi voulaient à nouveau les aider, et puis des moins bonnes. Des informations glanées auprès des contremaitres des mines, ou par des champenois qui les avertissaient de ce qui se passaient un peu partout. Et puis les procès illégitimes qui pleuvaient sur tout ce qui ne vantait pas la gloire de fatum et les geôles qui se remplissaient.

Ces brigands qui pour se remplir les poches d'or détruisaient le travail effectué depuis des mois et s'enrichissaient sur le dos des champenois. Plus le temps passait et plus le Duché s'enfonçait. Furieux, il reposa le vélin sur la table lui servant de bureau et se dirigea vers le semblant de feu qui tentait de maintenir un aussi semblant de chaleur dans la tente.


Ils ne méritent que la potence

Le messager qui franchissait l'ouverture de la tente lui fit tourner la tête.

je viens de Lesmont, je dois vous remettre ce pli en main propre

Il se saisit du parchemin qu'il déroula avant de pousser un soupir de soulagement.

Vivantes.. le murmure qui s'échappa fût suivi d'un long silence tandis qu'il continuait sa lecture. Et de laisser échapper un soupir avant de se diriger vers la table pour s'installer et rédiger une courte réponse.

Citation :
Troyes, le vingt cinquième jour de Novembre

Ysabault,

Merci du fond du cœur de ces nouvelles même si je ne sais pas comment va Aliénor. Les savoir en vie soulage mon inquiétude.
Ici nous continuons à travailler pour pouvoir chasser cette vermine qui s'est approprié nos terres et y sème la désolation au fur et à mesure que les jours passent.

Lorsque Aliénor reprendra connaissance, dites lui que je vais bien, ainsi que la Duchesse et Yunab qui sont avec moi. Je vais les informer de suite de ces nouvelles.
Veillez aussi à ce qu'elle reste à Lesmont. Elle y est en sécurité et j'ai demandé au capitaine de ma garde à Etampes, d'envoyer des hommes vous rejoindre.
Le danger n'est pas écarté tant que ces brigands ne seront pas le visage face au sol, et nous nous y emploierons, pour toutes celles et ceux dont le sang a coulé par leur faute.

Que le Très Haut veille sur vous toutes et tous.

Aimelin
Il se leva avant de tendre le vélin tout en accompagnant le messager jusqu'à l'extérieur de la tente.

portez la réponse à Lesmont et veiller à ne pas être suivis.
Alienor_vastel a écrit:
[Lesmont, au soir du 27 novembre]
    "Lorsque l'enfant paraît, le cercle de famille
    Applaudit à grands cris."
    Victor Hugo

Sauf qu'en l’occurrence, le cercle de famille était des plus restreints lorsque cet enfant, tant attendu, tant espéré, parut enfin. Le père était à Troyes, chef d'armée, avec la grand-mère d'adoption. Le grand-père d'adoption et par alliance, immobilisé à Reims. Les tatas de coeur, pour l'une bien à Lesmont mais vraiment pas en état d'avoir conscience de quoi que ce soit, pour l'autre quelque part en Artois.
Ne restait donc, et c'était quand même mieux, que la mère, laquelle, dans un état second en raison des potions contre la douleur qui lui avaient été administrées avec les soins pour ses blessures, n'eut cependant pas spécialement l'idée d'applaudir.

La première pensée consciente d'Aliénor fut pour l'enfant, savoir comment il allait. La seconde, juste après, se porta vers ses proches, Aimelin, Maltea, et Shandra. Shandra, et cette dernière vision, avant de sombrer dans le néant, qu'elle avait eu d'elle armée de sa poêle et de son couteau.
Ysabault se chargea de la rassurer pour ce qui était du fiancé et de môman. Concernant l'état de sa blonde amie, elle se montra plus réservée, mais encourageante néanmoins. La fièvre baissait, l'infection semblait se résorber et les meilleurs soins lui étaient donnés, l'espoir qu'elle se remette était donc permis.

Allongée sur sa couche, chevelure blonde éparpillée sur l'oreiller, l'enfançon dans ses bras, Aliénor regardait tendrement ce miracle de la vie, caressant du bout des doigts la peau douce de la joue. Après le bruit et la fureur de la bataille qui s'était tenue sous les murs de Reims une dizaine de jours plus tôt, le calme de Lesmont faisait un contraste saisissant, apaisant. Elle était faible, encore, et une nourrice avait été embauchée pour la suppléer s'il y en avait besoin, mais la blondinette savait déjà qu'elle mettrait un point d'honneur à s'en occuper elle-même tant qu'elle le pourrait.

Laissant aller sa tête contre l'oreiller, elle ferma brièvement les paupières. Qu'il était doux, qu'il était simple de se laisser rattraper par le sommeil, dans lequel elle récupérerait peu à peu les forces qui lui manquaient.
Pourtant elle résista et rouvrit les yeux, dirigés vers Ysabault qui brodait, assise dans un fauteuil à ses côtés.


- Ysabault... il me faudrait mon écritoire.
- Je vais le chercher, mais vous n'aurez qu'à me dicter, j'écrirai moi-même.
- Non, je le ferai !


Sachant pertinemment combien il serait inutile de protester, la gouvernante obtempéra et posa l'écritoire sur les genoux de la jeune femme après que celle-ci ait délicatement déposé l'enfant dans le berceau attenant au lit.
Et tandis que la plume courait sur le vélin, de temps en temps les pervenches caressaient le nouveau-né endormi avant de revenir se fixer sur les volutes et les arabesques qui commençaient à recouvrir le parchemin .


Citation :
Lesmont, le 27 novembre.

Aime,

L'écriture te semblera sans doute un peu vacillante, mais je n'aurai laissé quiconque d'autre que moi t'écrire. Comme tu dois donc t'en douter, à cette introduction, j'ai repris connaissance. Ce n'est pas encore le cas de Shan, mais le médecin qui la soigne a bon espoir.
Mon esprit vagabonde encore un peu dans le brouillard, et je t'avoue que je ne pense pas aller galoper avec Etoile dans les prochains jours. D'autant que la garde d'Etampes vient d'arriver et que je m'en voudrais de les perdre dans les bois de Brienne.

Ysabault m'a mise à jour de ce qui s'était passé durant mon inconscience. Elle m'a ainsi informée que l'incompétente à l'origine de tout ça avait été virée, enfin une décision intelligente. Je ne puis qu'espérer que son successeur fera preuve de davantage de sens stratégique, et que vous serez davantage écoutés, que cela n'avait été le cas.

Je rage de me sentir à ce point impuissante, tellement inutile, alors que vous continuez à résister, à vous battre pour bouter ces aigrefins hors de Champagne. Encore que pour ma part, je trouve que même le gibet leur serait trop doux. Je resterai à Lesmont, ainsi que tu en as donné consigne à Ysabault, le temps de me remettre, mais puisque tes obligations t'empêchent de venir jusqu'ici, ne compte pas que je demeure inactive sitôt que je pourrai te rejoindre.

D'autant qu'en plus de tout le reste, il y a une petite personne dont il faut que tu fasses la connaissance. Elle a quelques heures maintenant, les yeux bleus comme ceux de sa mère mais il paraît que tous les nouveaux-nés ont les yeux de cette couleur, et elle dort à poings fermés, pour l'instant, mais sait sacrément faire entendre sa voix lorsqu'elle est éveillée.
Quand je la regarde, je vois un peu de toi.
Ta fille.

Fais attention à toi, mon coeur.

Alie

PS : je me charge d'annoncer moi-même la dernière nouvelle à Malt, elle va adorer j'en suis sure.
PPS : faudra quand même qu'on se décide à réfléchir à un prénom.
Et donc, d'enchaîner, plus succinctement.

Citation :
A toi, ma suzeraine-môman adorée,
De moi, ta vassale-fifille chérie.

Tu es grand-mère !

Evidemment, s'il te prenait l'envie de venir faire la connaissance de ta petite-fille, tu comprendras que cela se fasse en présence de témoins, dès fois que par maladresse elle ne se retrouve noyée ou étouffée.

Affectueusement.

Alie
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